DEVOIRS EFFECTUÉS DANS LE CADRE DE LA FORMATION CNFDI :

(Note obtenue 18/20)

Publiés le 08/10/2016

 

-          Écriture d’un discours : un poissonnier d’une petite ville du Sud-Ouest marie sa fille.

-          Article portant sur le terroir ou le patrimoine local : « Carré patrimonial » sur les vignes classées aux Monuments historiques à Sarragachies.

-          Critique de film : « Mommy », de Xavier Dolan.

 

 

Exercice n°1 : écriture d’un discours

 

 

Mes chers amis,

 

Nous voici donc aujourd'hui réunis pour célébrer le mariage de ma petite Océane et de ce grand gaillard de Maxime.

Oh, je sentais bien que cela finirait par un mariage ! Quand il est entré dans ma poissonnerie, le Maxime, j’ai tout de suite vu ses yeux de merlan frit devant mon Océane. Il était muet comme une carpe ! Et ma petite, elle est devenue rouge comme une écrevisse ! Alors, j’ai vite compris qu’il y avait anguille sous roche…

Aujourd'hui, Maxime, tu es frais comme un gardon, et je comprends bien que tu veuilles mettre le « turbot » pour filer avec ma petite sirène.

Mais d’abord, écoute ce que j’ai à te dire : mon Océane, c’est une vraie perle, elle a besoin de l’air du grand large pour vivre, pas d’un bocal ! Alors, j’espère que tu n’auras pas des oursins dans les poches pour lui offrir l’écrin qu’elle mérite!

Et, quand tu verras qu’elle devient pâle comme une endive sous ton ciel gris, promets moi que tu la mettras dans le premier train, et que tu me l’enverras passer quelques jours de vacances sous le soleil du Sud-Ouest !

Bon, je ne vais pas verser des larmes de crocodile, mais plutôt  vous souhaiter de vivre heureux, comme deux poissons dans l’eau !

 

 

 Devoir n° 2 : article portant sur le terroir ou le patrimoine de mon département.

 

Carré patrimonial

 

Vous pensiez sans doute que seules les belles églises et autres splendeurs architecturales pouvaient être inscrites au titre des monuments historiques ? Et bien vous vous trompiez. Car depuis juin 2012, un minuscule carré de vigne, patrimoine bien vivant et si fragile, vient d’obtenir cette distinction jusqu'alors inédite en France. Ce précieux lopin de 20 ares, arborant fièrement ses 600 pieds de vigne, est niché à Sarragachies, petit village du Gers, face aux Pyrénées et en surplomb de la vallée de l’Adour, au cœur de l’appellation Saint-Mont (AOC).

 

Propriété de la famille Pédebernade depuis huit générations, cette parcelle intéresse depuis plus de vingt ans les grands chercheurs ampélographes, qui n’hésitent pas à se déplacer pour venir l’observer et l’écouter révéler ses secrets.

Car il faut dire qu’elle n’en finit pas de susciter la curiosité et de nombreuses interrogations. Plantée entre 1800 et 1810, elle a surmonté de grandes catastrophes, naturelles ou humaines. Alors que le vignoble français est dévasté au 19ème siècle par le phylloxéra, puceron ravageur, que les grandes gelées de 1956 figent les pieds et que la politique de l’arrachage fait autant de victimes que les champignons meurtriers, la vieille dame résiste avec courage et obstination. Et, du haut de ses deux cents ans, elle continue encore aujourd'hui de tenir tête à l'escat, bête noire des vignes modernes.

 

Il s’avère que sa résistance légendaire serait due à la présence dans le sol de sables fauves (dépôts marins du Miocène moyen dans le Bassin aquitain), qui rendraient possible un enracinement profond et une alimentation hydrique et minérale régulière.

Protégée des dieux, cette parcelle est également exceptionnelle par son mode de culture ancestral. Sa plantation en pieds doubles disposés en carré permettait en effet aux vignerons de travailler le rang dans les deux sens avec les bœufs.

Son patrimoine génétique, véritable lieu de mémoire végétale, est tout aussi époustouflant, avec 21 cépages endémiques, dont sept jusqu'ici totalement inconnus.

 

Alors, à 85 ans, René continue de veiller sur sa vigne comme sur un enfant, allant jusqu'à lier les pieds avec de l’osier à l’ancienne, même si les raisins ne produisent pas un vin à eux seuls mais en étant mélangés à d’autres. Car dans la famille Pédebernade, il y a bien sûr la fierté de posséder la première vigne classée «  Monument historique » et protégée en France, mais surtout la volonté de préserver un patrimoine végétal unique, témoin vivant de l’histoire viticole de la Gascogne.

 

 

Exercice n°3 : critique d’un film

 

MOMMY

 

Haute tension

 

Synopsis : Canada, futur proche. Diane, quadragénaire veuve et volcanique, récupère la garde de son fils, un adolescent atteint de TDAH, renvoyé de son centre de rééducation pour avoir mis le feu et grièvement blessé un élève. La directrice de l’établissement la prévient : il est extrêmement difficile de gérer les personnes psychologiquement instables et impulsives. Mais Diane est forte, elle aime son fils. Elle veut prouver qu’elle y arrivera. La relation mère-fils devient pourtant vite explosive, mais l’irruption de l’étrange Kyla, la nouvelle voisine, va réussir à tempérer ce duo aux sentiments exacerbés. Jusqu’au jour où tout dérape…

 

Attention : dynamite. « Mommy » nous entraîne sur les montagnes russes et le grand huit des émotions, par la puissance phénoménale qui se dégage de ce film viscéralement sentimental.

D’abord avec ses personnages. Diane (Anne Dorval), la quarantaine avancée, belle comme un camion dans ses vêtements ultra moulants et clinquants,  perchée sur ses talons  plateforme, un brin gouailleuse et aussi secouée que ses gadgets rose bonbon enfouis au fond de son sac. Steve (Antoine-Olivier Pilon), son fils, « sa chair et son sang », placé en centre de rééducation à la mort de son père, parce qu’ingérable. Une sorte d’ange blond possédé par le démon, insolent, violent, aussi imprévisible qu’une tornade en été. Et puis Kyla (Suzanne Clément), la voisine nouvellement arrivée, tout en retenue, en « congé sabbatique » à la suite d’un traumatisme qui lui a laissé pour séquelle un trouble de l’élocution, traînant avec elle une famille fantomatique et ennuyeuse.

Ensuite par son intrigue. Lorsque la directrice du centre demande à Diane de venir chercher son fils qui a largement dépassé les bornes, on sent bien d’entrée que rien ne sera facile. L’odeur de la poudre est déjà omniprésente. On apprend en effet au début du film qu’une nouvelle loi (fictive) au Canada, la loi S 14, autorise les parents en difficulté à confier leur enfant souffrant de troubles du comportement à ce qui s’apparente à un hôpital psychiatrique pour mineurs. Mais Diane y croit, elle aime trop son enfant pour se laisser tenter par une solution de « facilité ». Alors, elle repart avec Steve, bras dessus, bras dessous, gonflée à bloc dans son rôle de mère : « Je vais m’occuper de toi, je vais te faire l’école à la maison… ». Elle déborde d’optimisme, d’amour, et d’énergie pour cet ado que personne ne veut plus comprendre. Mais l’amour n’a rien à voir là dedans. Et très vite, la situation lui échappe, les noms d’oiseaux et les coups fusent de toute part. C’est Kyla qui va venir à la rescousse de ce couple mère-fils fusionnel et sulfureux, pour former dorénavant un trio où chacun donnera l’impression de trouver un semblant d’équilibre. Hélas, les coups du sort s’accumulent, et le cyclone émotionnel trace sa route, emportant sur son passage les meilleures résolutions. Jusqu'à la déflagration finale.

 

Enfin, avec Xavier Dolan, à peine 25 ans, derrière la caméra. Ce jeune prodige nous plonge de gré ou de force dans un sujet qui l’inspire visiblement. Cinq ans après « J’ai tué ma mère », « Mommy », Prix du jury à Cannes, semble vouloir venir venger celle qui avait été punie dans le premier film. Pleins feux ici sur LA mère, celle qui se bat pour gagner, pour résoudre tous les problèmes, celle vers qui finalement on finit toujours par se tourner.

Dès les premières images, Dolan multiplie les surprises pour mieux surprendre. Le choix très particulier du format 1.1, carré parfait, emprunté à la photographie et utilisé essentiellement dans le pré-cinéma, va lui permettre de captiver le regard du spectateur pour qu’il reste concentré sur l’essentiel : les personnages. Ce format va de plus matérialiser judicieusement la sensation d’étouffement, d’étroitesse d’horizon dans cette banlieue triste et sans avenir de Montréal. Steve parviendra pourtant à « étirer » ce cadre dans un très beau geste rageur lors d’une scène de pseudo liberté sur son skateboard, permettant aussi au public de reprendre son souffle, le temps d’un espoir. Il y a également cette superbe façon qu’a Dolan de désynchroniser la musique du film avec celle qu’écoute Steve, casque vissé sur les oreilles, dans ses moments de bonheur d’adolescent insouciant. Mais très vite, le cadre se resserre à nouveau…

 

On rit aussi beaucoup dans « Mommy », grâce notamment aux dialogues plutôt fleuris et jubilatoires en joual, cet argot québécois, autre trouvaille de Dolan, qui peut laisser perplexe au début mais qu’il faudra pourtant bien apprivoiser tout au long du film.

Car on veut bien y croire à cette boule d’énergie maternelle terriblement attachante, à cet ado déroutant et dérouté qui se prend pour l’amoureux de sa mère et la détruit autant qu’il veut la protéger, à cette voisine traumatisée qui reprend du service pour assurer la scolarité de cet électron libre… Mais quand la mèche est allumée, il est déjà trop tard.